CP 12 - Le Pays des Feuillardiers
Le Pays des Feuillardiers
Essence emblématique du Périgord-Limousin, le châtaignier compose, pour moitié, les forêts de notre territoire. Il est l’arbre nourricier par excellence de cette région pauvre en céréales. La châtaigne était utilisée par les anciens pour remplacer le pain. Dès septembre, ce fruit caché dans sa bogue était ramassé dans les sous-bois et il était conservé dans des paniers plongés dans les cours d’eau. La châtaigne était utilisée sous forme de farine ou consommée grillée au coin de l’âtre, lors des veillées. Elle a été pendant des siècles un complément alimentaire de base, indispensable à la survie de bon nombre de paysans Périgourdins.
Les souches des arbres multicentenaires, coupées régulièrement, donnent naissance à des taillis que l’on abat à nouveau tous les quatre à sept ans en fonction de leur utilisation future (piquets de vigne, tuteurs, pieux de clôture, paniers, lattes et voliges de couvertures, casiers à poissons et crustacés, bardeaux, échalas, feuillards pour cercler les barriques, etc.).
Le métier de Feuillardiers est apparu dans le Périgord-Limousin vers les années 1850 lorsque les forges utilisant le charbon de bois et donc de châtaignier ont périclité (voir les circuits « Le Pays des Forges »). Les feuillardiers exploitent plus particulièrement les taillis de châtaigniers, pour en extraire les jeunes tiges, solides, souples et imputrescibles et les façonnent en cercles destinés à ceinturer les barriques des tonneliers. On trouvait principalement les feuillardiers dans le sud du département de la Haute-Vienne et au nord de la Dordogne, c’est-à-dire non loin des vignobles du Cognaçais, accessibles par le réseau hydrographique de la Charente.
Les feuillardiers construisaient, sur leur lieu de travail, une cabane en châtaignier couverte d’une bonne épaisseur de copeaux de bois leur permettant d’œuvrer à l’abri des pluies et du gel d’octobre à mai. Cette cabane – dont on voit un exemple reconstitué au bord de l’étang de Masselièvre où les circuits vélos «Le Pays des Feuillardiers » nous mènent – leur servait de cantine, parfois de campement si le chantier était loin de leur domicile, et d’atelier. Sous le dôme, le feuillardier installait son « banc », petit tronc d’arbre couché sur deux pieds qui faisait office d’établi, où il fendait les pousses en deux de façon uniforme (opération délicate) puis affinait au couteau le côté plat pour assouplir les tiges de châtaignier avant de les cintrer, afin de leur donner une forme arrondie, et de les assembler dans un gabarit. Les feuillards étaient prêts à être livrés au tonnelier.
Les itinéraires vélos proposés nous feront découvrir ce « Pays des Feuillardiers » que l’on admirera depuis le panorama du Grand-Puyconnieux. Nous nous arrêterons devant l’un des plus magnifiques châteaux du Limousin, qui se mire dans son étang faisant offices de douves. Enfin, au environ de Dournazac qui organise chaque année sa fête de La Châtaigne à l’automne, vous verrez de magnifiques plantations de châtaigniers bien alignés.
Vous constaterez avec regret, que l’exode rural qui a sévi au début du siècle précédent a particulièrement impacté ce petit coin du Périgord-Limousin. Les campagnes ont été littéralement vidées et abandonnées des hommes et des femmes qui en faisaient la richesse. Depuis quelques dizaines années, les fermes ont été restaurées par de nouveaux propriétaires venant d’outre manche, mais aussi grâce à des néo-ruraux viennent s’installer dans nos hameaux pour redonner vie et envie à notre petit pays.